C'est d'ailleurs un de mes exercices préférés...
Hors de ma gamme "fixe" organisée par styles (avec quand-même la couleur marquée en petit, histoire d'aiguiller les non-connaisseurs), je fais des bières "trompe l’œil". Le but est biensûr de m'amuser sur des brassins uniques, mais aussi et surtout de casser les habitudes et les codes. A noel dernier j'ai fait un "milk porter cacao-vanille", tout doux, crémeux... pour chambouler un peu les gens qui pensent qu'une bière noire c'est forcément fort, amer, puissant. Pour cette année j'aimerais bien sortir un "pale stout" dans le but inverse : choquer les habitudes en faisant goûter une bière blonde qui a le goût de torréfié/café qu'aurait normalement une bière noire.
Bien entendu cette démarche il faut l'expliquer, sinon le public finit complètement paumé!
@Eric: détrompe-toi, les espagnols ont une culture bière souvent plus technique que pas mal de français! Ils savent bien différencier une lager d'une ale, chez eux une bière blanche ne s'appelle pas une "blanche" mais une "bière de blé" (même en grande distri), leurs références de bières de qualité ne se cantonnent pas à la belge mais aussi aux allemandes anglaises, etc.. et cela bien avant la déferlante de la craft beer (quand je vivais en espagne il y a 10 ans c'était le cas).
Depuis qqs années leur marché de l'artisanal s'est énormément développé, et la tendance générale est axée vers un craft à la ricaine : un côté créatif sans complexe où le brasseur n'a pas peur de prendre des risques.
Ce qui est triste dans le "blonde-brune-blanche-ambrée" à la française c'est pas la façon d’appeler une bière, mais le fait que 2/3 des bières artisanales nommées par couleur sont sans intérêt ( = aucune inspiration/créativité/touche perso/prise de risque du brasseur).